Pouvez-vous vous présenter et nous présenter votre structure ?
Je suis le gestionnaire de la Maison Familiale et Rurale du Pont du Gard(1) qui est un établissement qui accueille 200 apprenants environ dans l’année, de la quatrième au Bac. Ils sont de tous types de statuts : apprentis, formation continue, scolaires. Nous avons seize formateurs permanents, auxquels s’ajoutent des intervenants, des vacataires et trois administratifs.
Comment votre structure travaille t’elle sur les questions du numérique en général ?
Sur le numérique on est un peu en retard, un peu aux balbutiements, mais nous sommes en train de mettre tout ça en place. Le seul souci sur ce terrain, c’est que pour partir sur de bonnes bases il faut revoir tout notre système, d’où l’objet de notre commande d’ailleurs(2). Jusqu’à présent nous n’étions pas vraiment équipés pour un réseau digne de ce nom, nous avions juste un domaine. Pour pouvoir gérer les postes administratifs pour l’ensemble de notre activité, mais aussi les postes pédagogiques c’était indispensable. D’autant plus que nos élèves à partir de la seconde ont grâce à la région des ordinateurs portables, il va donc falloir gérer un accès wifi digne de ce nom pour eux. En parallèle nous avons développé en interne un logiciel d’Espace Numérique de Travail (ENT) accessible en ligne. Une fois que les élèves pourront se connecter et que de notre côté nous aurons mis assez de puissance sur notre connexion et sur notre réseau, nous serons à même d’échanger par ce biais. L’ENT pour nous c’est le chantier de cette année.
Vous travaillez donc à la réduction de la fracture numérique, la situation du Pont du Gard est elle particulière sur cette question ?
Au niveau du Pont du Gard, nous ne sommes pas trop mal desservis pour ce qui concerne Internet, la source fonctionne ! Nos partenaires sont par contre beaucoup de petites entreprises, et nous-mêmes n’avons pas de gros moyens : les investissements s’en trouvent donc limités. Ce qui pose en général problème, c’est l’investissement de départ. Dès qu’on passe à des abonnements autres que l’ADSL, il faut investir sur le réseau qui en interne distribue cette bande passante. La bride n’est pas technologique mais plutôt financière en réalité. D’où notre intérêt pour votre programme de donations.
Concernant l’ENT, quelles sont les activités que vous comptez développer avec ?
Pour nous cela va être un moyen d’échanger avec les élèves. Nous accueillons des élèves en alternance, il sera bien plus simple d’échanger des cours ou des devoirs avec eux sur cet espace pour les formateurs. Ça va être également un moyen pour les parents de pouvoir suivre les notes des élèves. La trilogie « maître de stage – formateur – parents » va pouvoir vivre à travers cet échange d’informations supplémentaire, que ce soit sur les résultats ou les contenus (devoirs, horaires, cours…) tout au long de l’année et à n’importe quel moment. Pour nous c’est un outil qui va faciliter et dynamiser l’échange indispensable entre ces trois acteurs.
Est-ce que des ateliers de sensibilisation, d’approche des questions numériques (réseaux sociaux, jeux vidéo…) sont prévus ?
Oui tout à fait, cela fait partie de notre projet. Au niveau de l’ENT il y a une formation en interne de prévue par la fédération d’associations dont nous faisons partie. Elle a pour but de former sur des journées le personnel à l’outil, ses enjeux et les dérives possibles qui sont à prendre en compte dans son utilisation. Nous répercutons ces formations à tous nos utilisateurs ensuite.
Plus généralement, est-ce que des temps d’apprentissages sont prévus avec les encadrants sur l’ENT concernant l’outil informatique pour les apprenants?
Du fait que nous sommes en zone rurale, beaucoup de nos élèves sont internes. Ils ont accès à des séances d’informatique dans la semaine dans les salles prévues à cet effet, par exemple je m’occupe des Bac Service deux fois deux heures par semaine. Ces séances se préoccupent du côté « apport de connaissances », alors que des plages horaires sont prévues le soir de 18h à 19h pour du libre-service dans ce qu’on appelle l’étude (sous réserve d’inscription). Ces accès sont surveillés et filtrés, évidemment.
En milieu urbain, on a parfois l’impression que la fracture numérique se réduit à une cassure interne entre riches et pauvres pour schématiser, alors qu’en milieu rural on pense plutôt à une forme d’exclusion technologique (zones blanches, couverture 3G, implantation de la fibre, DSLAM peu nombreux…). Cette problématique change t’elle votre manière d’aborder la question du numérique ?
On se situe à la frontière entre les deux. Le Gard est surtout un espace rural dans la mesure où à part Nîmes il n’y a pas de territoires urbains étendus. Nous sommes par contre situés assez bas dans le département, nous avons accès à des débits relativement importants. Ce qui fait que nous sommes d’abord limités par les questions financières mais à terme effectivement, les questions techniques pourront se poser. Nous vivons les deux, si tous les élèves branchaient leurs portables en même temps, on serait juste, même avec ce qui est fourni aujourd’hui. Nous serons limités par la technique dans un avenir proche, quand on tournera à plein, ça n’est pas le cas aujourd’hui. Tout le monde est touché de la même manière ici, au niveau financier et derrière au niveau de l’accès.
Vous parliez de l’échange d’information entre les parents, les formateurs et les élèves, y’a-t-il des activités de loisirs de prévues avec cet EPN ?
On l’a vu surtout sous l’angle du fonctionnel, échange d’informations jusque là. Par contre effectivement, je pense au développement du côté organisation privée. Nos élèves ont souvent des problèmes de covoiturage… C’est toujours un peu gênant d’en parler dans une réunion, il faut avoir l’occasion d’en discuter. Alors que l’ENT est une plateforme idéale pour gérer ça entre eux. La possibilité pour d’autres loisirs, si elle est ouverte, n’est pas à l’ordre du jour.
Par rapport à vos besoins en tant que MFR, qu’est ce qui peut manquer selon vous à Solidatech ? Plus largement, quels sont vos projets après cet ENT ?
Pour l’heure, nous avons des postes de bureau en administratif, des ordinateurs portables pour les élèves. Nous aimerions doter les formateurs d’ordinateurs portables également. Les solutions d’ordinateurs portables nous intéressent parce qu’elles sont plus faciles à utiliser, elles prennent moins de place et les formateurs peuvent travailler de chez eux comme sur le bureau. Ils ont en plus l’avantage de pouvoir servir lors de déplacements. Côté logiciel, une fois que notre réseau sera véritablement en place, pour l’instant nous utilisons des Microsoft Education pour les postes des ateliers informatiques, mais rien ne dit que nous n’en aurons pas besoin de plus. Nous resterons sur nos besoins habituels de logiciels d’éducation. Ce qu’on se dit par contre, c’est que le problème des tablettes va se poser bientôt. C’est sans doute une nouvelle fracture numérique qui se crée, même si ces technologies se vulgarisent, c’est à vitesse réduite. On a l’impression qu’on a toujours une guerre de retard dans ce domaine. Mais il faut bien déjà rattraper notre retard actuel avant de penser à prendre de l’avance ! Sur ce point, on en est encore à la réflexion.
Notes
(1) Le site de la MFR du Pont du Gard
(2) La MFR du Pont du Gard nous a fait commande d'une licence de Windows Server 2012 Datacenter Edition et des licences clients associées.